Reconversion

Espagne : s’expatrier, sans (trop) s’éloigner !

Si l’Espagne est un pays voisin et cousin de la France, s’installer de l’autre côté des Pyrénées exige tout de même une adaptation culturelle et l’anticipation de certains impératifs administratifs.

Le registre des Français de l’étranger dénombre plus d’1,7 million de ressortissants expatriés, dont près de 50 % sont installés dans des pays européens. Et près de 90 000 sont inscrits en Espagne, soit la septième communauté française dans le monde. En ajoutant les ressortissants non-inscrits au registre consulaire (l’inscription n’est pas obligatoire, ndlr), cette communauté est estimée à plus de 200 000 personnes.

Et pour cause, l’expatriation chez notre voisin espagnol gagne en popularité ces dernières années. « En premier lieu, il est plus simple d’aller s’installer en Espagne qu’en Asie ou en Amérique. Il y a notamment eu un engouement dans l’après-Covid : c’est une expérience à l’étranger qui permet de changer de cadre de vie sans avoir les inconvénients de la longue distance, rapporte Barbara Driss, consultante en gestion de carrière, fondatrice de sa structure Trouve Ton Job d’Expat, elle-même installée à Barcelone depuis bientôt trois ans. Quand on a envie d’expatriation, l’Espagne est une bonne première étape. On voit de plus en plus de personnes et de familles qui y vivent un temps avant de partir dans un pays plus lointain. »

Pour autant, si la destination peut laisser supposer une démarche moins contraignante, elle exige tout de même une certaine anticipation. « C’est un pays cousin mais qui a ses particularités, notamment sur le plan administratif. Il n’y a pas de place pour l’improvisation, il faut bien se préparer« , affirme Audrey Marin-Lafleche, fondatrice de Plug&Play, une agence de conciergerie administrative et logistique dédiée aux expatriés.

Les démarches incontournables

Parmi les impératifs pour lancer son expatriation ibérique dans de bonnes conditions : l’obtention de son numéro d’identification d’étranger (NIE) pour les séjours supérieurs à trois mois. Ce numéro personnel, unique et exclusif, attribué par l’administration, espagnole peut être obtenu directement en Espagne, bien qu’il soit conseillé d’anticiper son arrivée en formulant une demande auprès du poste consulaire proche de votre lieu de résidence en France. « Il est obligatoire pour travailler en Espagne dans des sociétés locales, pour obtenir un numéro de téléphone ou un compte en banque espagnol. Il ne faut donc pas attendre le dernier moment« , conseille Barbara Driss.

Deux NIE sont à distinguer : le NIE non-résident, à caractère fiscal, qui permet également d’acheter un bien immobilier ou de créer une entreprise ; et le NIE standard ou NIE résident, qui fait office de permis de résidence et peut être obligatoire pour candidater sur certaines plateformes d’emploi et très utile pour trouver un appartement. Autre indispensable : l’ouverture d’un compte bancaire espagnol, pour pouvoir s’inscrire à la sécurité sociale locale et, par exemple, bénéficier du statut « autonomo », pour les autoentrepreneurs et indépendants. Pour les personnes au chômage, l’obtention du formulaire U2 via France Travail permettra de s’inscrire auprès de l’agence espagnole de l’emploi, le SEPE (Servicio Público de Empleo Estatal), et de bénéficier de la continuité de ses droits de chômage durant trois mois.

Direction Barcelone qui, selon le retour d’expérience de Barbara Driss, « réunit de grands critères de la qualité de vie : le soleil, la vie en ville proche de la montagne et de la plage, l’environnement propice à la vie de famille, la gentillesse et l’ouverture des gens… » Aussi, dans les grandes villes du pays, l’ambiance est très cosmopolite. « À Madrid et Barcelone, on est à près d’un tiers de la population qui n’est pas espagnole ou née en Espagne, confirme la consultante en gestion de carrière. Pour faciliter son installation et prendre ses marques, les communautés françaises et francophones de l’étranger, souvent animées via les réseaux sociaux, sont utiles.« 

Un champ des possibles large

La diversité culturelle et la dimension cosmopolite des grandes villes espagnoles se diffusent également dans le marché du travail. Comme l’explique Barbara Driss : « Ce côté international ouvre beaucoup de jobs, avec des entreprises qui viennent s’installer et qui délocalisent en Espagne. Par exemple, à Barcelone, le secteur des services supports et des services clientèle et call centers est très développé. Et, partout dans le pays, des sociétés de services informatiques recrutent des francophones, notamment des juniors qu’elles forment ensuite. »

Pour s’ouvrir le champ des possibles, la maîtrise de plusieurs langues est un plus indéniable : « Si on ne parle que français, on sera forcément limité à certaines catégories de jobs. Et donc beaucoup dans le support commercial, client et technique. La maîtrise de l’espagnol et de l’anglais ouvre les portes des boîtes internationales et de postes dans le tertiaire, la tech, l’ingénierie, ou encore les énergies renouvelables. À Madrid, la capitale, il y a aussi beaucoup d’opportunités dans la finance. En Espagne, on s’arrête moins aux diplômes qu’en France, mais le droit du travail est aussi bien plus souple et les licenciements plus fréquents (les préavis varient entre 15 jours et un mois).« 

Pour débuter sa recherche d’emploi et consulter des offres espagnoles, en plus des classiques LinkedIn, Glassdoor et Indeed, le site infojobs.net est un bon outil.

Où s’installer ailleurs qu’à Madrid ou Barcelone ? Valence occupe la première place du classement Expat Insider, réalisé par la communauté d’expatriés InterNations, qui répertorie les meilleurs endroits pour s’expatrier dans le monde en s’appuyant sur les retours d’expérience des expatriés. En effet, la troisième ville espagnole ne manque pas d’arguments : cadre de vie très attractif, richesse culturelle, coût de la vie et du logement plus abordable qu’à Madrid et Barcelone…

À la deuxième place de ce même classement : Malaga. La ville andalouse est même classée première dans l’indice de facilité d’installation et les expatriés y habitant compteraient parmi les plus heureux du monde, grâce notamment au climat et au cadre de vie d’Andalousie. Parmi les secteurs d’activité forts, on retrouve notamment la tech et le numérique ainsi que le tourisme. Mais d’autres villes séduisent de plus en plus d’expatriés et pourraient vous convenir : Séville, Alicante, Bilbao, Grenade… Vous avez l’embarras du choix !

Retrouvez l’intégralité de cet article dans le n°284 de Rebondir. Disponible en kiosque ou sur notre boutique en ligne.

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