Alain Witz: « Ce que j’aimais le plus, c’était la musique »
“À 17 ans, j’ai arrêté l’école. Je n’ai pas réussi à passer le bac, cela me stressait. J’ai enchaîné les petits boulots : serveur chez Buffalo Grill, liftier à La Défense. Puis, j’ai eu envie de trouver un métier qui me plairait. Ce que j’aimais le plus, c’était la musique. J’ai suivi une formation d’ingénieur du son sur deux ans. À la sortie, j’ai essayé la restauration sonore de supports audio, mais cela n’a pas marché économiquement. J’ai aussi été ingénieur du son sur des tournages de films et pour des compagnies de théâtre pendant un an, je suis parti en Chine. Puis, mon activité s’est transformée en studio d’enregistrement, avec des copains et des groupes locaux. Studio33rec est né à ce moment-là. Au début, je n’avais aucune expérience, mes clients étaient des groupes amateurs. Je me suis lancé grâce à MySpace. J’ai ensuite eu la chance de travailler avec un groupe et un label sur un morceau qui a marché et qui est passé à la radio. J’ai pu me professionnaliser davantage. Je suis chanceux de faire ce métier. Tous les jours, je découvre une musique, une nouvelle machine, de nouveaux boutons… Mixer, c’est rechercher ce moment de grâce et d’harmonie d’un morceau, qui n’est pas évident à obtenir. J’aime écouter de la musique toute la journée, être avec des artistes qui ont une vision du monde bien à eux, m’intéresser à ce qu’ils veulent transmettre à leurs auditeurs. C’est comme être dans l’atelier d’un peintre : l’artiste compose et enregistre sa chanson, et on la voit prendre forme sous nos yeux. C’est vraiment enthousiasmant. »
Valérie Fraysse: « Trente ans après, cela me plaît toujours autant »
“À 21 ans, j’ai entamé une formation de deux ans pour devenir enseignante, j’ai eu le concours facilement. Tout était intéressant, fluide. J’ai commencé dans une école du Puy-de-Dôme, en moyenne montagne. Cela m’a tout de suite plu. Il y avait quatre niveaux, c’était très formateur. Après, on peut travailler partout. J’avais demandé des conseils à des collègues expérimentés. C’est important dans ce métier d’avoir de l’aide. Trente ans après, cela me plaît toujours autant. Il y a une dizaine d’années, j’ai eu des élèves en difficulté avec des profils particuliers. J’ai découvert les troubles dys. L’un de mes élèves, aujourd’hui âgé de 19 ans, que j’ai eu en CM1-CM2, souffre de dyspraxie visuo-spatiale. J’ai fait beaucoup de recherches pour l’aider, échangé avec une chercheuse spécialisée. On a organisé une table ronde dans le gymnase du village sur les troubles dys. 500 personnes sont venues ! Mon élève a pris le micro pour remercier sa maîtresse pour tout ce qu’elle avait fait pour lui. C’est un des souvenirs les plus marquants de ma carrière. J’ai réalisé qu’en enseignant, en faisant attention et en donnant les bons outils à un élève, on peut changer son estime et sa confiance en lui, et toute sa scolarité. Puis, je suis arrivée dans les Hauts-de-Seine, dans de grandes écoles, avec beaucoup de possibilités de projets pédagogiques. Enseigner par projet motive les élèves, les rend plus engagés. Aujourd’hui, j’accompagne aussi les enseignants débutants dans le métier. C’est gratifiant de les voir progresser, évoluer, se tromper, recommencer… comme j’ai pu le faire à mes débuts !”
Laurent Dhieux: « Deux de mes oncles étaient menuisiers
“J’ai toujours voulu travailler dans le bois. Deux de mes oncles étaient menuisiers. Au collège, j’ai commencé à bricoler avec un ami. Puis, j’ai fait un stage chez le menuisier du coin qui m’a énormément plu. En 3e, j’ai commencé un CAP en apprentissage et j’ai été embauché dans une entreprise locale. Je suis resté six ans, j’ai appris sur le tas des techniques pour travailler l’alu, le PVC, pour souder l’acier, j’ai fait tous les postes. J’aime bien toucher à tout. Le métier de menuisier a beaucoup évolué avec les machines qui font gagner du temps. Mais, parfois, j’aime revenir au ciseau à bois, retrouver le métier du début. Ce qui me plaît, c’est la création, chaque projet est différent, il faut être à l’écoute des clients pour réaliser le projet le plus proche de leurs souhaits. Quand je réalise une bibliothèque ou une table sur mesure, je sais que les gens vont la garder très longtemps. C’est gratifiant, on fait aussi de belles rencontres. J’aime également les projets complexes qui donnent du fil à retordre et permettent de toujours apprendre, ça change de la routine. Comme dans chaque métier, il y a une partie répétitive : la préparation au début. Dans ces moments-là, je suis dans ma bulle, je réfléchis à comment je vais procéder. À côté de mon travail, je réalise des projets pour des clients, cela a commencé par un meuble pour ma mère et puis le bouche-à-oreille a fonctionné. En parallèle, je retape une maison que je viens d’acheter. Parfois, mon corps tire un peu, mais après 24 ans de menuiserie, je suis toujours aussi content d’avoir choisi cette voie !”
Cécile Dumas: « Les métiers passions ne sont pas toujours rémunérateurs, mais j’ai la chance de vivre dignement »
“Depuis toute petite, j’ai baigné dans la musique. Mon père travaillait dans l’édition musicale. Je jouais du violon au conservatoire et faisais partie de la chorale. Le chant m’a plu de plus en plus, je me suis dirigée vers le chant lyrique et j’ai décidé de me consacrer à la musique en suivant en parallèle un master de musicologie. J’ai obtenu quelques rôles de soliste, mais j’ai eu des enfants tôt, c’était compliqué de tout concilier. Depuis neuf ans, je suis cadre de chœur à l’Opéra de l’Eurométropole de Metz. Je suis artiste lyrique, on travaille la voix, mais aussi la mise en scène, c’est ce qui me plaît beaucoup, comme le travail de groupe. Après 20 ans à évoluer dans le lyrique et un troisième enfant, j’ai eu envie d’explorer un autre répertoire, celui de la comédie musicale, qui demande une technique vocale différente. J’avais besoin de me renouveler, de continuer à apprendre. Les métiers passion ne sont pas toujours rémunérateurs, mais j’ai la chance de vivre dignement. Je suis salariée, ce qui prive d’une part de liberté : je ne choisis pas les œuvres que je vais chanter. Mais j’ai la chance d’avoir une vie artistique très libre et riche sur mon temps personnel : j’ai des rôles de soliste à côté et des concerts tous les deux mois. Quand je chante, je ressens toute une palette d’émotions et des sensations corporelles fortes, un peu comme un sportif de haut niveau. La relation à l’autre est aussi extrêmement importante. Le chant et la musique n’ont d’intérêt que s’ils sont partagés. Chanter, c’est parler de cœur à cœur, et s’adresser aux émotions des gens.”