Reconversion

Témoignages : ils ont changé de vie après le Covid

Pour beaucoup, la période Covid a été un déclencheur ou un accélérateur de changements. Cinq ans après le premier confinement de 2020, retrouvez les témoignages de quatre actifs ayant fait de la crise sanitaire un levier de rebond et un allié pour leur reconversion.

Caroline Hoffmann : du freelancing au salariat

En 2020, je travaillais et je vivais à Londres. J’y ai passé cinq ans après y avoir terminé mes études de communication. Après l’obtention de mon diplôme, j’étais rentrée en France quelques mois, mais je n’avais pas trouvé d’emploi. J’ai donc décidé de venir m’installer à Londres, où j’ai trouvé un job rapidement. De fil en aiguille, j’ai travaillé en agence, et puis je me suis mise à mon compte, en tant que communications manager indépendante. Cela s’est fait assez naturellement, j’étais dans un environnement où je développais mon réseau rapidement. Je trouvais facilement des clients, je gagnais bien ma vie. Tout a changé quand le covid est arrivé. Je me suis retrouvée du jour au lendemain coincée chez moi durant le premier confinement, avec plusieurs colocataires comme c’est souvent le cas à Londres. En même temps, plusieurs de mes clients ont mis fin à notre collaboration en raison de la crise covid. Dans un premier temps, j’ai décidé de suivre des formations à distance pour mettre le temps que j’avais à profit et monter en compétences. Et puis le contexte si particulier du covid m’a fait prendre du recul : je me suis dit que je voulais plus de stabilité, que je voulais devenir propriétaire et pouvoir voir plus loin. J’ai donc anticipé le deuxième confinement en décidant de rentrer en France et de me rediriger vers le salariat. Depuis, je suis en CDI au sein de l’agence Oxygen. J’ai lâché toute la liberté que j’avais en tant qu’indépendante, mais la stabilité du CDI m’a aussi offert plus de liberté d’esprit et m’a permis de mener à bien des projets personnels et d’avancer dans ma vie. J’ai même eu l’occasion de passer trois mois en Afrique du Sud, tout en travaillant à distance.

Licia Mione, 56 ans : du salariat à la vie d’indépendante

J’ai 56 ans. J’ai aujourd’hui des activités variées, avec deux axes importants : la cuisine, en tant que cheffe à domicile et formatrice à mon compte ; et la gestion d’une chambre d’hôte et d’un gîte. Je suis italienne et suis arrivée en France en 2008. J’étais manager de processus dans une société de télécommunications en Italie, étant mathématicienne de formation, mais j’ai souhaité profiter de cette mobilité pour changer de vie pro. Cette reconversion a donc commencé dès mon arrivée en France, et elle a ensuite été accélérée et complétée pendant la période covid. La cuisine a toujours été une passion et une part importante de ma vie. Je ne voulais plus m’enfermer dans un bureau, j’ai donc saisi l’opportunité de me mettre à mon compte, pour d’une part enseigner la cuisine italienne et d’autre part cuisiner moi-même lors d’événements privés. J’ai beaucoup appris par la pratique et petit à petit, en diversifiant mes activités. Puis la période covid est arrivée. J’ai profité de ce moment pour suivre une formation structurée dispensée par L’atelier des Chefs, pour me préparer à un CAP cuisine française. Cela a été une série de coïncidences finalement positives : j’avais moins de travail à cause de la crise et l’offre de formation à distance s’était beaucoup étoffée. Cela a donné une nouvelle dimension à ma reconversion et ça m’a fait passer un cap, en renforçant mes compétences et ma légitimité. Depuis, j’ai pu encore développer mes activités et mes formations à destination des professionnels. La période covid aura été un moment de recul qui m’a permis d’approfondir les choses et d’apporter la dernière pierre à ma reconversion.

Philippe Longo, 41 ans : le choix du travail manuel et de l’enseignement

J’ai été ingénieur chef de projet dans le secteur automobile pendant une douzaine d’années. C’est la période covid qui m’a décidé à changer de voie, c’était le coup de pied aux fesses qui me manquait. J’ai pu me recentrer sur moi-même, comprendre que mon métier était plus source de stress que d’épanouissement. Je voulais changer d’air, j’ai donc négocié le financement de mon projet de reconversion vers le secteur du bois qui m’a toujours passionné. J’ai donc suivi en 2020 une formation d’ébéniste à l’École supérieure d’ébénisterie d’Avignon (ESEA). J’ai ensuite trouvé un emploi salarié dans une entreprise autour de Besançon, qui s’occupe de la rénovation de monuments historiques. J’ai eu par exemple la chance de travailler à la rénovation et à la restauration des fauteuils de l’Opéra Garnier. J’y suis resté un an, en travaillant en parallèle sur d’autres projets de restauration et de menuiserie dans des châteaux et des églises notamment. Finalement, je ne suis pas resté dans cette entreprise à cause de quelques difficultés, notamment vis-à-vis de l’adaptation à ce nouveau métier et à ce nouveau secteur, et la transition entre mon passé de cadre chef de projet et un poste d’ouvrier manuel. J’ai beaucoup appris, mais j’ai fait le choix de m’orienter vers la partie formation et enseignement. Je suis depuis formateur. J’enseigne aujourd’hui à des BTS en mécanique, en me basant notamment sur ma formation initiale, mais l’école privée dans laquelle je travaille a aussi en son sein un atelier d’ébénisterie qui forme pour des certifications professionnelles sur les métiers d’art en ébénisterie. Je vise à occuper un poste dans cet atelier à moyen terme. La crise covid aura été pour moi une opportunité, et cette reconversion est la meilleure chose qui pouvait m’arriver.

Lucas Zundel, 26 ans : des études d’ingénieur à l’entrepreneuriat dans la restauration

J’ai suivi des études d’ingénieur pendant six ans. Mais je n’étais pas heureux dans cette voie, cela ne me plaisait pas. Je pense qu’un peu comme tout le monde, la crise sanitaire a été l’occasion de me poser plein de question, de prendre du recul sur mon projet pro. Cela coïncidait avec mes dernières années d’études. Depuis toujours, la gastronomie est une passion, j’avais notamment suivi en parallèle de mes études un programme de reconversion à l’Ecole Ducasse sans franchir le pas. Plutôt que de commencer une vie d’ingénieur qui ne m’attirait pas, je suis parti en PVT en Australie dès l’obtention de mon diplôme, pour faire de la cuisine. J’y ai passé six mois dans un restaurant à Melbourne, tout en me nourrissant de podcast et de contenus sur la restauration et l’entrepreneuriat. Je suis rentré en 2024 avec l’envie d’ouvrir un restaurant avec un concept fort. J’ai donc commencé par un restaurant éphémère, pour tester mon idée. Cela m’a permis de consolider ma démarche, d’avoir des éléments à montrer à un banquier ou à un investisseur pour lancer le projet. Mon concept, c’est de faire des résidences de chefs qui sont à chaque fois en collaboration avec un artiste. Et donc de créer des synergies entre le monde de l’art et celui de la gastronomie. Concrètement, je trouve des chefs intéressés par le concept, avec qui je travaille pour trouver le type d’art qui pourrait les inspirer, pour ensuite trouver un artiste et des œuvres à exposer en salle et construire la carte ensemble. Et tous les trois mois, on retrouve un nouveau binôme. Pour me préparer à l’ouverture, je suis accompagné et mentoré par Service Compris, un accélérateur de projet dans la restauration. Et je vais concrétiser en ouvrant prochainement mon restaurant Rencontre, à rue Blanche dans le 9e arrondissement.

Ajouter un commentaire

Votre adresse IP ne sera pas collectée Vous pouvez renseigner votre prénom ou votre pseudo si vous êtes un humain. (Votre commentaire sera soumis à une modération)