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Emploi : quelles régions vont le plus embaucher d’ici 2030 ?

, par Adam Belghiti Alaoui

Dans un rapport publié en mars 2022, France Stratégie et la Dares dressaient un panorama des dynamiques et des difficultés de recrutement pour les années à venir. Une déclinaison au niveau régional, parue en janvier 2023, présente ces perspectives région par région.

L’exercice de projection des besoins en recrutement n’est pas nouveau, mais pour la première fois, France Stratégie et la Dares, l’institut statistique du ministère du Travail, appliquent ce travail à l’échelle régionale, avec le rapport « Les métiers en 2030: Quelles perspectives de recrutement en région et au niveau national?« . Du général au particulier donc. Au niveau national, les postes à pourvoir d’ici à 2030 seront nombreux, comme l’a expliqué Cédric Audenis, commissaire général adjoint de France Stratégie, lors de la conférence de présentation du rapport : « Nous anticipons 800 000 postes à pourvoir par an jusqu’en 2030 du fait des départs en fin de carrière et du dynamisme de l’emploi. Avec un important déséquilibre pour les métiers à forts besoins de recrutements qui rencontreront des difficultés notamment en raison du manque de jeunes arrivants » (agents d’entretiens, conducteurs de véhicules, aides à domicile, ouvriers qualifiés…). Au rang des métiers pour lesquels les tensions de recrutement pourraient se réduire d’ici à 2030, le rapport place les agents de maitrise de l’hôtellerie-restauration, les techniciens de la banque et des assurances et les employés de la comptabilité.

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Les besoins de recrutement au niveau régional

À partir de la cartographie des recrutements au niveau national, le focus sur chaque région livre les particularités de chaque territoire. Premier élément de comparaison : la création nette d’emploi projetée, qui mesure la différence entre le nombres postes occupés entre la fin et le début d’une période donnée. « En termes de créations nettes d’emploi, on constate une dynamique plus favorable pour les régions de l’Ouest et du Sud, avec en moyenne la création d’un million d’emploi d’ici à 2030 » (Occitanie, Corse, Pays de la Loire, Auvergne-Rhône Alpes, Nouvelle-Aquitaine, Bretagne et PACA sont au-dessus de la moyenne nationale, détaille Dorian Roucher, sous-directeur emploi et marché du travail de la Dares. S’agissant des postes à pourvoir liés aux départs à la retraite des seniors, les plus importants besoins se concentrent en Occitanie (828 000 postes à pourvoir d’ici à 2030, en  Île-de-France (1,6 million), en Auvergne-Rhône-Alpes (1,1 million) et en Nouvelle-Aquitaine (826 000). Et pour cause, « d’ici à 2030, nous devrions avoir 28 % de départs en fin de carrière en moyenne, un chiffre similaire pour toutes les régions à peu de choses près« , ajoute Dorian Roucher. Pour les régions du Sud et de l’Ouest, aux besoins plus importants, les difficultés de recrutement devraient s’accentuer, avec notamment en Bretagne 42 % des emplois exercés dans des métiers en tension, et 35,3 % pour les Pays de la Loire.

Pour remplacer les départs à la retraite, les régions compteront sur l’arrivée de nouveaux jeunes travailleurs sur le marché du travail. En la matière, l’attractivité des territoires pour les débutants reste inégale. Sans surprise, c’est l’Île-de-France qui reste la région la plus jeune, avec l’arrivée de 31 % de débutants d’ici à 2030, par rapport aux effectifs de 2019. Suivent ensuite les Hauts-de-France (28 %), le Grand Est (28 %) et l’Auvergne-Rhône-Alpes (27 %), juste au-dessus et au niveau de la moyenne nationale de 27 %. Aussi, les mobilités inter-régionales seront importantes pour combler une partie des besoins en main d’œuvre. Ainsi, en Nouvelle-Aquitaine, en Pays de la Loire, en Bretagne, en Corse et en Occitanie, l’arrivée d’actifs venus d’autres territoires pourrait représenter 4 à 6 % de l’emploi régional d’ici à 2030. À noter que les travailleurs les plus mobiles géographiquement sont surtout des professionnels qualifiés. En revanche, ces flux ne seront pas suffisants pour certaines régions, et le rapport projette qu’entre 6 et 9 % des postes à pourvoir ne seront pas comblés les jeunes débutants et les nouveaux résidents dans les régions du Sud-Ouest et de l’ Auvergne-Rhône-Alpes.

Quelles différences régionales selon les métiers ?

Les disparités régionales s’expriment également selon les métiers. Si certaines professions comme l’aide à domicile devrait présenter un déficit de main d’œuvre généralisé, d’autres liées à des spécificités régionales connaissent une dynamique différente selon la région. C’est le cas des maraîchers, jardiniers et viticulteurs, dont les tensions seront élevées (entre 12 et 17 % de l’emploi) dans les deux premières régions agricoles de France : la Nouvelle-Aquitaine et la Bretagne. Même constat pour les métiers de techniciens de maintenance, très recherchés dans l’industrie et le commerce et tout particulièrement dans les régions industrielles comme la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie (entre 9 et 23 % de postes non pourvus).

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Adam Belghiti Alaoui
Journaliste


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