Marché de l'emploi pole emploi

Contrôle des chômeurs : le pouvoir de Pôle emploi renforcé, des sanctions alourdies

, par Fabien Soyez

Le gouvernement a publié un décret qui réforme le contrôle des chômeurs. Outre des suspensions et des suppressions d’allocations plus systématiques, les pouvoirs de sanction de Pôle emploi s’en retrouvent renforcés.

 
Paru le 31 décembre au Journal officiel, le décret « relatif aux droits et aux obligations des demandeurs d’emploi et au transfert du suivi de la recherche d’emploi » réforme le contrôle des chômeurs. Afin, comme l’a expliqué Emmanuel Macron lors de ses voeux aux Français, « d’inciter davantage à reprendre le travail », le barème des sanctions s’appliquant aux chômeurs qui ne respectent pas leurs obligations a été durci par rapport à ce qui avait été présenté initialement par le ministère du Travail en mars 2018.

 

Le « revenu de remplacement » supprimé en cas de recherches pas assez actives

Tandis que le patronat et les syndicats négocient actuellement une refonte du régime d’assurance-chômage, ce décret, qui découle de la loi sur la liberté de choisir son avenir professionnel votée cet été, prévoit à la fois un allégement des sanctions en cas d’absences non justifiées à un entretien, et a contrario un durcissement de celles prises en cas de recherches insuffisamment actives.

Le texte stipule ainsi qu’un chômeur ne se rendant pas à un rendez-vous avec son conseiller Pôle emploi sera rayé des listes pendant un mois – jusqu’ici, la sanction était de deux mois de radiation (et donc de suspension de l’allocation) – à noter que le gouvernement avait annoncé au printemps dernier qu’elle durerait 15 jours. Dans le cas d’une absence à deux rendez-vous consécutifs, la radiation sera de deux mois, puis de quatre mois en cas d’absences à trois rendez-vous successifs.

Au lieu d’une simple suspension du « revenu de remplacement » pour les chômeurs soupçonnés de ne pas rechercher activement un emploi (refus de deux « offres raisonnables d’emploi »), le décret prévoit de le supprimer purement et simplement – pendant un mois au premier manquement, pendant deux mois au deuxième, et pendant quatre mois au troisième. Le texte abroge en particulier « la définition du salaire antérieurement perçu qui était pris en compte pour déterminer l’offre raisonnable d’emploi» : il devrait ainsi être plus difficile de refuser une offre sous prétexte que le salaire prévu est inférieur à celui touché précédemment.

 

Des équipes dédiées au contrôle de la « recherche active » d’emploi

Le décret publié au Journal officiel renforce les pouvoirs de Pôle emploi. Jusqu’ici, le service public de l’emploi pouvait sanctionner les absences aux convocations par une suspension de l’indemnisation (de deux mois maximum), et le contrôle de la recherche effective d’emploi et sa sanction étaient légalement du ressort de la direction régionale du ministère du Travail.

Désormais, des équipes (qui passeront de 200 à 600 personnes d’ici à mi-2019, puis à 1000 d’ici à 2020) seront dévolues au contrôle de la recherche active d’emploi par les chômeurs. Pôle emploi pourra aussi prononcer (par l’intermédiaire de ses directeurs régionaux) la suppression du revenu de remplacement, en plus de pénalités administratives, en cas de « manquements des demandeurs d’emploi à leurs obligations », ainsi que de fraudes.

Dans le cas de fausses déclarations destinées à demeurer sur la liste des demandeurs d’emploi, le « revenu de remplacement » sera supprimé définitivement. « Toutefois, lorsque ce manquement est lié à une activité non déclarée d’une durée très brève, le revenu de remplacement sera supprimé, en cas de premier manquement, pour une durée de deux à six mois et, en cas de manquements répétés, de façon définitive », précise le décret.

 

Un « journal de bord » numérique

En outre, pour repérer les chômeurs qui ne font pas de « démarches suffisamment actives » (12 % des demandeurs d’emploi, et parmi eux 8 % des bénéficiaires de l’assurance chômage, selon une étude de Pôle emploi), un dispositif devrait être expérimenté dans plusieurs régions, à partir de mi-2019, pendant un an et demi, avant généralisation : chaque mois, le demandeur d’emploi devra consigner ses démarches de recherche d’emploi dans un « journal de bord numérique ». À voir s’il s’agira du service en ligne Memo, déjà utilisé par Pôle emploi, ou d’un tout nouvel outil.

 

Fabien Soyez

Fabien Soyez


Sur le même thème


Vos réactions (6)

  1. Guillaume Vincent, le

    Bonjour ,
    Je pense que à cause qu’il y a des offres d’emplois non pourvues ,on veut casser du chômeur qui est incapable d’occuper ces soit – disant postes à pourvoir car ces postes ont de nombreuses difficultés de recrutements .

  2. toto, le

    la guerre aproches

  3. CG, le

    Quelle logique alors que bon nombre d ‘ employeurs ne répondent pas , et que le travail ne se trouve pas aisémént comme certains de PE le pensent , ou le prétendent , par contre pour controler , et sanctionner , ce qui n’ a aucun effet positif , a part plonger dans des situations catastrophiques certaines personnes , voire beaucoup , je ne vois pas le coté utile – C ‘ est veritablement de pire en pire ce qui est concocté , alors que les personnes privées d ‘ emploi n ‘ y sont pas par plaisir , ni par volonté , et la dessus , il est rajouté toutes ces pressions , et cela pour stygmatiser , harceler , menacer , et bien sur suspendre ce qui maintient un minimum , et malgré cela , il est pensé et cru , que cela est fait pour dynamiser et provoquer un electrochoc , c ‘ est mal connaitre ce qui existe réellement – Tout cela est bien bas et pitoyable

  4. Beaulieu, le

    Ceci n’est évidement pas pour diminuer le chômage mais pour diminuer le nombre de chômeurs et ainsi disposer de statistiques plus favorables.

  5. nechassepas, le

    Chasse le chômeur, il revient au galop car il n’y a plus de boulot ! C’est simple ! Radions les entreprises qui ne servent à rien, qui n’embauchent que leurs proches alors qu’ils « embauchent » parfois en CDD ou pas ! Combien d’entreprises sont aujourd’hui capables d’ouvrir les portes et d’embaucher massivement en CDI ?

  6. GILLARNOT, le

    Si Pôle Emploi était totalement réformé ça ferait des économies. Les résultats de cet organisme trop coûteux, sont insatisfaisants pour beaucoup de demandeurs d’emploi. Le gouvernement devrait le réformer complètement en laissant le libre arbitre aux demandeurs d’emploi de solliciter P.E. en cas de besoin pour des entretiens privés ou collectifs, des ateliers divers, des stages ou formations, d’accepter ou refuser des offres d’emploi, des bilans… plutôt que ce soit à P.E. de décider, d’obliger les demandeurs d’emploi à réaliser ces actions, plutôt inutiles jusqu’à présent pour beaucoup de demandeurs d’emploi. Dans la loi, les radiations ne devraient plus exister et laisser le choix aux demandeurs d’emploi de s’inscrire ou se désinscrire, dans le seul but d’être aidé par des agents volontaires d’aide à la recherche d’emploi, non pas des contrôleurs radieurs ! Jusqu’à présent on ressent que pour P.E la radiation est une raison plutôt économique et que son but n’est pas toujours d’aider les gens à trouver du boulot mais plutôt de peut-être les forcer, soumettre et humilier ! On dirait une sorte de répression ! La loi devrait aussi permettre de toucher les allocations « chômage » en fin de mission et sans autre condition. LA LIBERTE POUR TOUTES ET TOUS POUR BIEN VIVRE ET ETRE PRODUCTIF/VE ! GILETS JAUNES MANIFESTEZ POUR L’EXISTENCE D’UNE TELLE LOI !

Réagir à cet article

Un système de modération est en place sur ce site. Votre commentaire sera en ligne après vérification.


*

* Champs obligatoires