Emploi

Chômage de longue durée: comment garder le moral et avancer?

2,3 millions. C’était le nombre de personnes au chômage en France en 2024. Selon un rapport de l’Insee publié en novembre dernier, un quart des demandeurs d’emploi l’était depuis plus d’un an : on les appelle les chômeurs de longue durée. Entre les difficultés à retrouver un poste, la perte d’estime de soi et les clichés qui ont la vie dure, voici les conseils de nos experts pour mieux vivre ces longs mois sans emploi.

Pour celles et ceux qui cherchent un nouveau travail depuis de longs mois, c’est souvent la double peine, car à la difficulté de retrouver un poste s’ajoutent de nombreux clichés : les chômeurs de longue durée seraient “des fainéants”, “des assistés”, “des profiteurs”… « Être au chômage, c’est être en activité pour trouver un emploi », rappelle Vanessa Lauraire, psychologue clinicienne du travail. “Être en recherche d’emploi nécessite des compétences et demande d’être particulièrement tenace, mobilisé et solide personnellement”, confirme Nathalie Hanet, présidente de Solidarités Nouvelles face au chômage. L’association accompagne, chaque année, 4 000 chercheurs d’emploi. “Tous ont envie de travailler et mettent une énergie folle à retrouver du travail, insiste-telle. Si le dernier emploi s’est terminé dans des conditions compliquées, une forme de soulagement est souvent ressentie au début du chômage. Mais, très vite, arrive l’angoisse : quand je me lève le matin, qu’est-ce que je fais ? À quoi est-ce que je sers ? Qu’est-ce que je vaux ? Quelle est ma place dans la société ? Sans oublier la diminution de ressources. »

Prendre soin de son estime de soi

Selon son secteur d’activité, lorsque les réponses se font rares, qu’elles sont le plus souvent négatives et que les entretiens s’avèrent peu fructueux, retrouver du travail peut relever d’un véritable parcours du combattant. “Cela peut être dévalorisant, décrypte Vanessa Lauraire, surtout quand, dans le discours public, il est laissé entendre qu’il n’y a qu’à traverser la rue pour trouver du travail.” La plus grande difficulté à laquelle sont confrontées les personnes qui sont au chômage depuis longtemps ? “C’est la sensation de perdre le pouvoir d’agir sur leur vie, avec comme conséquence, la baisse de l’estime de soi”, poursuit-elle. La clé pour garder le cap, pour la psychologue? “C’est continuer à vivre et rester maître de sa vie : pratiquer du sport, aller au musée… Se demander aussi sur quoi on peut agir et quel sens on donne à cette période : comment la mettre à profit et l’investir de façon constructive, même si elle est subie ? En revanche, si on n’arrive pas à voir comment on peut rebondir, surtout, il faut se faire aider, ne pas rester seul, partager avec d’autres qui vivent la même situation.” Chez SNC, des binômes bénévoles accompagnent ceux qui le souhaitent. L’accompagnement est gratuit, sans limite de durée.

Garder le moral

Toute personne qui a été au chômage connaît bien les montagnes russes émotionnelles liées au fait d’être sans emploi. “Il faut accepter que les phases de transition, comme le deuil d’un travail, soient un peu tristes, explique Vanessa Lauraire. On n’est pas obligé de faire bonne figure tous les matins.” Pour autant, chercher à se faire du bien en passant du temps avec les gens qu’on aime et qui nous soutiennent ou en faisant des activités qui nous font plaisir est fondamental pour garder le moral. “On ne peut pas être 24 heures sur 24 avec cette charge mentale et ce poids lié à la recherche d’emploi, assure Nathalie Hanet. S’octroyer des pauses est essentiel pour se ressourcer.” Mieux traverser son chômage, c’est aussi accueillir cette période. “La question, c’est comment ? Si on sent qu’on ne rebondit pas, qu’on n’a plus envie de se lever, qu’on s’isole, qu’on ne voit plus ses amis, qu’on dort toute la journée, qu’on n’a plus de rythme, de plaisir, là c’est un signal d’alarme, il faut aller voir son médecin : cela peut cacher une forme de dépression”, révèle Vanessa Lauraire.

Rester en mouvement

Autre façon de rester dynamique : aider les autres, faire du bénévolat. Pour Nathalie Hanet, “se sentir utile contrebalance l’effet dépréciatif d’une recherche d’emploi qui n’aboutit pas et permet de se mettre en mouvement, de se redonner des contraintes, d’avoir des gens en face qui comptent sur nous.” Et de se découvrir d’autres compétences, que l’on peut ensuite valoriser dans le cadre d’une candidature. Le conseil de la présidente de SNC : rechercher dans toute sa vie, et pas uniquement professionnelle, toutes les compétences qui peuvent être valorisées. Et s’appuyer sur des personnes ressources (dans son entourage, des associations, auprès de France Travail, de missions locales, du service public de l’emploi) pour être encouragé et découvrir des possibilités auxquelles on n’avait pas forcément pensé, des financements, des formations… Un écueil à éviter, en revanche, pour Vanessa Lauraire ? Se précipiter “pour prendre un travail qui ne nous convient pas”. Parfois, prendre un job alimentaire est la seule solution à court terme. “Mais il est important de rester fidèle à soi », résume-t-elle.

Remettre le pied à l’étrier

Lorsqu’après des mois de chômage, sa candidature est enfin retenue, que son nouveau projet ou sa reconversion prend enfin forme, on peut avoir l’impression d’être rouillé et d’avoir perdu confiance en ses capacités. Saura-t-on à nouveau s’intégrer dans une équipe ? Travailler comme avant ?Tout nouveau travail nécessite une période d’adaptation. Et de retrouver un rythme différent. Une bonne pratique si on a perdu l’habitude de se lever : remettre son réveil tous les jours à la même heure un mois avant la prise de poste. “On peut se créer des repères sécurisants – se projeter dans ce nouveau travail, rechercher des informations sur l’entreprise, sur nos futurs interlocuteurs, rencontrer des gens qui exercent le métier, conseille Nathalie Hanet. L’idée, c’est d’essayer de limiter autant que possible l’inconnu pour ce nouveau départ.”

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